Quand je sculpte j’espère arriver à un équilibre et à une unité d’ensemble des différentes parties, ou volumes, qui composent l’œuvre en cours, et de tous les éléments qui leur sont intrinsèques: les plans, la lumière, les tensions produites par la ligne, la courbe, l’arête.
La simplicité est la complexité résolue – Brancusi
Au cours de ce processus j’essaie de ne pas perdre de vue la recherche de la simplicité car, selon moi, c’est dans la simplicité qu’une œuvre peut manifester sa force. Trop souvent l’abondance de détails finit par étouffer l’œuvre, comme l’abondance de mots peut finir par faire perdre l’essence d’un discours. J’essaie donc, dans mon travail, à la fois de retirer tout ce qui peut me paraître superflu et de montrer le détail sans faire appel au détail.
Dans ce contexte, reproduire la réalité a peu d’intérêt pour moi. Ce qui m’intéresse c’est d’exprimer au mieux de mes moyens la vérité que je perçois d’une chose.
L’œuvre d’art, c’est une idée qu’on exagère –A. Gide
Pour cela, j’essaie d’y parvenir, entre autre, par l’exagération et la déformation de ce qui nous est familier, ou encore en mettant en évidence les plans pour suggérer ou révéler la structure qui se cache derrière la forme; dépasser l’apparence des formes, mais aussi des choses, des personnes, des idées et des discours.
C’est en articulant mon travail sur ces trois axes – Faire la forme, Simplifier, Exagérer – que j’espère arriver à fixer dans le temps et l’espace l’immatérialité du monde intérieur, intime et dense de la condition humaine. Mes efforts tendent, comme je l’ai mentionné précédemment, à atteindre non pas un réalisme mais une vérité qui porte le regard au-delà de ce qui est visible et qui interpelle, voire qui questionne l’observateur dans son être, son corps, sa culture et sa mémoire.
L’art ne reproduit pas le visible, il rend visible –Paul Klee
J’espère ainsi donner à l’œuvre sculptée un pouvoir d’attraction et d’évocation suffisamment puissant pour que s’établisse, entre celle-ci et l’observateur, une relation personnelle qui le transporte dans une histoire, unique à celui-ci, faite de sa propre expérience humaine. Ce faisant, il devient, à son tour, agissant et créateur comme l’a été avant lui l’artiste, mais indépendamment de lui.