Life of S

Résine, fibre de verre, photographie originale de S

2019
202 x 34 x 37 cm
080 x 13 x 15 po (base incluse)

Pièce unique

Photographie Lino Cipresso

« Les enfants sont sans passé et c’est tout le mystère de l’innocence magique de leur sourire. »  – Milan Kundera, Le Livre du rire et de l’oubli.

Life of S est la représentation de notre innocence et de notre essence reçues à la naissance, dénaturées et corrompues par les forces de la  condition humaine.

Une femme debout, en « contrapposto », cache sa poitrine. Elle nous montre, posée au-dessus de son sein, une photo d’elle, fillette, arborant un sourire porteur de mille grandes espérances de la vie à venir.

Sa chaire est sillonnée de nombreuses fissures et crevasses et laisse deviner une vie rude faite d’aléas, de souffrances et de déceptions. Sentiment amplifié par le contraste qu’offre la douceur des courbes de son corps.

Les lettres L O V E tatouées sur les phalanges de la main droite et H A T E sur celles de la main gauche nous  laissent entrevoir sa révolte et la profondeur de son drame intérieur.

La bretelle pendante sur son bras droit suggère une sensualité presque gênante au regard du corps fissuré et indique une vulnérabilité qui s’oppose au caractère asocial de sa coiffure Skinhead.

Une mèche de cheveux pend sur sa droite tout comme sur sa photo d’enfant. Cette mèche est l’évocation de son ancienne innocence qui fait encore partie d’elle.

Son visage fatigué porte la souffrance des illusions perdues, le regard est à la fois mélancolique et lucide.

Life of S et La Naissance de Vénus 

Life Of S est aussi une version revisitée de La Naissance de Vénus de Sandro Botticelli,  qu’elle reprend à contre-pied.

Tandis que Botticelli nous présente la déesse Vénus, symbole de la Beauté et de l’Amour, au corps idéalisé, Life of S nous montre une femme dans son humanité « ordinaire » où l’idéal de la Beauté est absent et  l’Amour inséparable de la Haine. Elle nous rappelle par ses tatouages combien l’expérience humaine se vit entre ces deux  pôles.

Alors que Vénus semble sortir d’un rêve, les yeux à demi clos, le regard oblique, S pose sur nous un regard direct et franc et s’adresse à nous sans détour. Comme un miroir brutal montrant notre condition humaine et dévoilant ce que sont devenues notre candeur, notre innocence première.

En cela, chacun de nous porte en lui une part de Life of S. Cette part est notre part d’humanité… elle est universelle ; Life of S témoigne de cette universalité.

Le point de départ

En décembre 2018 j’ai aperçu dans un lieu public une femme qui semblait porter sur elle sa vie comme un fardeau, d’une manière qui m’avait saisi. Je m’étais alors demandé qu’elle a été sa vie? Que lui était-il arrivée? Enfant, à quoi avait-elle rêvé pour elle-même?

C’est à ce moment-là que l’idée  et l’image d’une sculpture à faire me sont venues.

Dans les faits S c’est l’initial du prénom du modèle qui a posé pour cette sculpture et dont la vie se rapproche de l’œuvre. La photo de l’enfant est une photographie originale de celle-ci alors âgée de 8 ans.